Je suis allé voir l’exposition “Traces”, au Palais de Tokyo, sur Amos Gitaï.
C’était une journée d’été à Paris où il faisait chaud, très chaud. J’ai un souvenir très « physique » de cette journée dans la rue, une impression dure et dense.
Quand je suis rentré dans cette expo, la mise en situation m’a interpelé. Elle se tenait dans les sous-sols du Palais de Tokyo, dans un espace en chantier, frais, humide et sombre. Cela tranchait totalement avec l’errance extérieure sous le soleil prés de la Seine que je venais de vivre.
La mise en scène prêtait au décalage des sens, ces mêmes sens en appels, actifs, oui, en alerte..
Dans la grandeur impressionnante de cet espace délabré, se succédaient des sons comme en écho, tout dans un brouhaha très bruyant… de la musique, des paroles et des images.
On pénétrait comme dans une “cave” où se nichaient à même l’espace (projection sur le mur brut) des images filmiques d’Amos Gitaï.
Je connaissais, un peu, ce réalisateur prolifique, mais c’était plutôt au cinéma que je l’avais croisé (Kadosh, Kippour, Terre promise). C’est un réalisateur qui travaille sur la mémoire et avec cette installation, on plongeait dans cette ambiance froide et chaotique, accompagnant avec beaucoup de justesse son message.
En lisant le fascicule de l’expo, j’ai appris que l’artiste israélien avait un message propre dan sla mise en espace même de l’expo. Cela concernait l’architecture même du Palais de Tokyo, cet édifice à la silhouette démesurée qui était grandement apprécié par Hitler.
C’était assez fort de mettre cette expo en “sous-sol”, sachant c’était dans ce lieu que pendant la guerre une partie des biens juifs volés y avaient été stockés.
Amos Gitaï : “L’architecture est chargée de signification. Mon père, lui, avait été formé au Bauhaus, qui prônait une architecture fragile, minimaliste, pas du tout décorative”.