Je suis dans ma salle de bain avec une lampe torche à la main. Pendant un instant je ne sais plus pourquoi je l’ai avec moi… puis cela me revient au moment où je tente d’allumer la lumière : je dois changer l’ampoule. Je suis tout seul. Il fait sombre en plein jour. Il n’y a pas un bruit ce qui m’étonne d’ailleurs. Car dans ce petit appart’ parisien, niché au dernier étage, on entend toujours le bruit constant de Paris. Mais dans cette sensation de suspens, de non-mouvement, j’allume la lampe torche et filme cette mémoire qui se crée au passage, celle qui désormais habitera cette pièce quand j’y rentrerai. Puis, je vais dans mon atelier, je prends mon appareil de mix visuel et je fais dialoguer le son d’une musique qui passe à l’envers avec les halos d’images sur la faïence de la baignoire.
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le temps, ennui de l’artiste impatient. Trouver peut prendre du temps et ce que l’on trouve parfois est à l’opposé de ce que l’on avait décidé au départ de bâtir. Le dessein premier est traversé par une multitude de chemins de traverse et même si au commencement l’on pouvait avoir une idée précise, une intuition, une réflexion profonde de ce vers quoi l’on voulait aller, nous allons rencontrer une autre réponse, ailleurs. C’est pourquoi la carrière d’une œuvre doit n’avoir comme ambition que son évanescence. La reconnaissance, il ne faut pas trop vite l’attendre en tant qu’artiste. Celui qui se perd dans cette recherche, trop préoccupé à emprunter les voies du reconnu, de la reconnaissance du public, des professionnels, des autres artistes, peut oublier l’essentiel. Bien souvent cette reconnaissance, si elle advient, on ne s’y attendait pas ou voir plus. Mais il ne faut jamais oublier l’objet de notre quête. Être reconnu en tant qu’artiste (dans la rue) n’a aucun intérêt et je pense peut même parfois nuire à son intériorité, être reconnu par son œuvre c’est une toute autre réussite, car elle a parlé pour nous, pas de nous, mais à vous. Et là c’est un dialogue délectable et […]
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Revenons à ce trait. Ce qui nait : une histoire. Ce qui nait : une forme. La forme est une histoire comme le rien était déjà le commencement d’une narration. Faire ce trait, c’est déjà décider (inconsciemment ou non) de proposer un sens de lecture. C’est souligner une expressivité, la déposer, l’esquisser… Le trait est l’avènement du signe. C’est aussi un signal du concret. Sa matérialisation évoque l’objectivation de l’esprit, dans cette apparition il prend forme, et finalement on aperçoit un début d’invisible. On exprime de l’abstraction. D’ailleurs qu’est-ce que l’abstraction qui fait tant peur ? Ce n’est rien d’autre que de la matérialisation d’une idée, d’un état, d’un choix. Ce qui est abstrait a bien souvent comme support des références très concrètes. Le procès facile intenté à cette forme créative (en dehors de l’expression du goût – j’aime, j’aime pas – qui n’a rien d’universel) est une solution facile. Il exprime le refus de se demander pourquoi je ne reconnais rien, l’expression de ma complaisance à rester habituer à voir ce que mes yeux sélectionnent pour ne pas m’inquiéter. Ce n’est souvent rien d’autre qu’une quête répétitive de la contemplation du reconnu. « Je trouve que ça ne ressemble […]
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Je dessine un trait sur une feuille blanche. On peut partir avec une intention, un but. L’intensité de ce qui va attaquer la surface vierge de la toile sera déjà chargée d’une histoire, d’une intention consciente ou non. On pourra parler de désir ou de besoin, mais il y a toujours une force qui nous pousse à agir ou réagir. Je dis nous, je devrais arrêter, je ne fais pas ici une définition de l’art, je ne vous propose que subjectivement de suivre le chemin constant qui m’entraîne dans la création. Avec mon regard, je vous ouvre ma maison, qui n’a aucune fondation universelle. Sachant pertinemment en plus que l’on peut faire, parfois, sans avoir aucune assise en créant dans ce flou, que certains nomment artistique, mais qui peut être le meilleur guide pour avancer. Car au contraire, la certitude peut aussi déstabiliser. Le voyage, car je pense que créer en est un, c’est s’embarquer dans une route aux nouveaux repères, car même si on avance avec des références, c’est toujours un nous singulier qui trace. Mais pour l’instant, j’étais face au repos de mon trait. Cette petite marque qui ne nous disait pas plus de choses que : “je […]
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Le rien. Tout commence avec rien. Et c’est loin d’être un non sujet ou un lieu vide. Le rien est situable, il appartient au temps. Le rien est en devenir. Du rien naitra une première trace. C’est un endroit, un moment qui va se remplir. Qui va saisir. Le rien est le socle de ce qui va naître. Il ne faut pas s’en méfier, le redouter ou s’en angoisser. Toute création a comme assise la même base. C’est l’auteur qui va bâtir sur cette fondation. Si classiquement on parle de l’angoisse de la page blanche, il ne faut pas prendre ce sentiment comme un sujet sec, il est de notre ressort de la décrire, de la montrer, de l’ériger. Nous pouvons créer des œuvres parce que notre esprit est « malade », abîmé, perturbé, mais la résultante : l’œuvre (à savoir si une œuvre peut être achevée, mais c’est déjà un autre sujet), elle sera saine, dépendante de l’État du créateur, elle sera coute que coute, offerte à la sérénité contemplative. L’angoisse se donne à nous, ainsi en tant qu’altérité, elle devient autre, en dehors. Elle se propose mais ne contamine pas, elle se prend, on la surprend. Elle reste […]
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During one of my treks in Florac in the Cevennes, I filmed my feet and especially my walk. These feet advancing to discover the horizon, eyes on the ground to see the panorama … It was like a kind of contradiction between physical movement and visual. Back in my studio, I mixed the images.
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