J’aime ce film. Comme une sédimentation, il est fait d’une multitude de couches. Ils révèlent une série de strates qui raconte la complexité des pensées d’une adolescente qui est en train de surfer sur Internet.
Ce film est aussi une expérience fascinante de tournage, il s’est fait dans une magnifique improvisation. Mat a d’ailleurs composé la musique d’un trait, il la regardait une fois et il a joué. Il avait totalement adopté et compris l’élan qui avait fait naître cette histoire.
Nous avions tourné les images avec Florence dans un appartement pourrie qui sentait l’humidité à Boulogne Billancourt. Nous vivions dans cet appartement minuscule à l’ombre des bambous qui se trouvaient dans la cour. Je ne sais plus comment on a commencé à tournée, mais je me rappelle de l’expérience du tournage. C’était intense, déroutant et fragile. Il n’y avait pas besoin de beaucoup de mots pour se comprendre. Je tournais et Flo était dispo. Elle a toujours été généreuse. Elle était prête à être et tout s’est révélé.
Puis, comme dans beaucoup de mes films, l’histoire a émergé au montage.
Ce film a ensuite voyagé dans quelques festivals dont un en Allemagne. Nous nous sommes rendus là-bas avec Mathieu pour le défendre. Je me rappelle du soir de la projection, j’étais terrifié. Quand le film s’est terminé, je suis parti marcher des heures seuls, plein de doutes. J’écoutais trop les autres à cette époque alors que pourtant j’étais fier de ce film. Je le suis toujours. Il est juste. Mais pendant la projection j’ai écouté la salle plutôt que l’histoire. Ça m’a appris des choses. J’ai grandi pendant cette projection et j’ai compris que j’étais sur ma bonne route, une route que je poursuis toujours.
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